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FUTUROYOGA
ICI ET MAINTENANT PRATIQUER LE YOGA
extraits de l'ouvrage
"Yoga en 100 Photographies"
35 India, l’Inde
Cette image documente le Temple brahmanique de Konârak, proche de la ville de Puri, dans l’état de l’Orissa. Les ruines du temple n’ont pas été exhumées, on les protégerait plutôt de l’ensablement : l’imposant édifice est situé au bord du rivage du Golfe du Bengale. Le temple est édifié tel un gigantesque char, symbole du monde. Le Charron divin a été assemblé par le Grand Architecte, le Charpentier du Monde, l’Artisan Universel. Dans cette enceinte, visitée par les familles indiennes en dévotion, on a l’impression de voir un peuple à l’unisson pousser une énorme machine de pierre.
L’archéologue lira dans l’une des vingt-quatre roues du Char de Surya, l’enseignement de l’hindouisme : la roue supporte le monde, son ordre, le Dharma qui est Matière et Esprit, Ordre cosmique et Loi. Ce que l’on observe ici marque et tisse la pratique du yoga. La roue dévide l’offrande matinale d’une salutation au soleil exécutée selon le rituel du jour éternellement nouveau. Pour donner la dimension d’une chose photographiée, le scientifique dispose dans le champ de l’image une réglette, un jalon. Parfois l’échelle est humaine. Ici bras tendu vers l’essieu, l’index pointé plante le geste, active l’histoire, impulse le mouvement de la pensée indienne, liée à Shiva, le destructeur-créateur, dans une ronde de feu, liée aux chakras, nos petites roues portatives et personnelles, nos roues microcosme à l’image du macrocosme, danse des planètes. Le moyeu agence le monde cosmique, toujours le même, toujours différent. Roue de la connaissance astrologique, de la division du temps solaire, principe directeur à l’architecture de ce temple, comme principe à l’exhumation de nos vies sur cette terre.
Texte et photographie droits réservés, Philippe Richard.
Roue du temple du soleil, Temple de Konârak. Orissa. Inde, 2014.

21 Sâdhu de Chennai
Dans un temple de Chennai qui n’a rien de touristique, au détour de l’édifice, ce sâdhu, si vieux, si triste, m’interpelle de son regard - qui n’est pourtant pas embrumé de Ganja… Me voit-il venir ? De l’échange de nos regards, je conclus qu’il me donne une autorisation. Autorisation de quoi ? De faire une photo ?
Dans l’échange des regards, je vois défiler tout le film de sa vie d’homme, en ses quatre âges… Je suppose brahmachârya : enfant puis adolescent, disciple en apprentissage du monde, initié aux conflits de l’âme. J’examine grihastha : adulte, maître de maison, fondateur du foyer, exerçant un métier, assurant l’hérédité. Je recherche vanaprastha : retraité un peu à l’écart du monde, retiré auprès d’une nature sauvage, offrant sa maturité, s’abandonnant au divin, s’approchant de la libération. Son quatrième âge, sannyâsa, c’est maintenant dans l’errance du pèlerin que je l’observe : renoncement et accomplissement du cycle de la vie. L’homme se prépare à la mort… L’homme sait bien que je ne peux, avec la photo, prendre son âme puisqu’il l’a déjà donnée !
Je considère cet homme, infime rouage respectueux de l’ordre cosmique et des obligations de la société indienne, lois, normes et devoirs : le dharma. Je fais le portrait du sâdhu… Je lui tends, avec mon sourire, une obole. Je me trouve confus et doute de ma photographie. Je sais que le regard du sâdhu de Chennai, dont l’image est maintenant ici imprimée, va continuer à me chiffonner ; mais c’est vers son âme qu’il faut cheminer. Le grand texte de la vie religieuse indienne, la Bhagavad-Gîta, enseigne que « Grâce à la méditation, on voit l’âme dans l’âme, par l’âme ». (13.24). Et si on osait demander la même chose à la photographie ? Voir l’âme.
Texte et photographie droits réservés, Philippe Richard.
Sâdhu au Temple d’Arulmigu Marundeeswarar, Chennai, Inde, 2014.

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